Quelle pellicule acheter lorsque l’on cherche à faire ses premières armes en argentique ? L’offre de films reste très vaste, même à l’heure du numérique, et de nombreux fabricants proposent d’ailleurs plusieurs références, si bien qu’il n’est pas toujours évident de se décider pour une pellicule en particulier.
Bien des films sont intéressants en photographie argentique, et chacun a sa personnalité, mais tous ne sont pas pour autant faciles à maîtriser. Voici quelques conseils stratégiques qui guideront les débutants vers les meilleures options. Le but étant d’obtenir des résultats à la hauteur des espérances et de vivre une expérience positive, qui donne envie de poursuivre l’aventure.
Déjà, éliminons d’entrée de jeu les films positifs (ou films diapos). Moins courants, ils sont plus chers, et se destinent davantage à un public de connaisseurs, qui ont acquis une certaine expérience en argentique. Concentrons-nous plutôt sur les films négatifs, que l’on peut considérer comme les plus standards. Il nous reste encore à distinguer deux grands ensembles encore parmi ceux-ci. Films noir et blanc d’une part, et films couleur d’autre part.
Sommaire
Les films noir et blanc
Intéressons-nous dans un premier temps aux films noir et blanc. En argentique, le noir et blanc a toujours les faveurs des photographes débutants comme des photographes confirmés, car il correspond souvent à une démarche artistique qui vise à travailler sur la force des formes, des contrastes, et sur la symbolique. Les films noir et blanc sont aussi, accessoirement, plus faciles à développer par ses propres moyens que les films couleurs, plus contraignants et exigeants sur ce plan. Le développement des films noir et blanc à la maison est tout à fait envisageable et pertinent pour qui veut maîtriser le processus photo de bout en bout.
Stratégiquement, débuter ou reprendre sa pratique de la photo argentique avec les films noir et blanc a donc beaucoup de sens.
Souplesse d’exposition
Un débutant en argentique peut commettre quelques erreurs d’exposition, particulièrement avec les appareils les plus vintage, ou les moins pointus sur le plan de la mesure de la lumière. Certains appareils ont une cellule défectueuse, ou peu performante, car elles prennent une mesure globale de la lumière disponible sur une scène, sans tenir compte réellement de votre sujet. La cellule peut également être induite en erreur, dans une situation de contre jour par exemple. D’autres appareils n’ont tout simplement pas de cellule.
Aussi, il est préférable d’opter pour un film qui fait preuve d’une certaine souplesse d’exposition. Un film qui ne demandera pas une trop grande rigueur, une trop grande justesse d’exposition, mais saura au contraire encaisser la surexposition par exemple pour conserver des détails importants dans les zones claires.
Sensibilité
La sensibilité est un second point intéressant. Le critère de la souplesse doit de nouveau être pris en compte.
Des films de 50 ou 100 iso supposent de travailler surtout en extérieur, avec une lumière très abondante. Ils sont réservés aux heures les plus ensoleillées de la journée, voir aux jours les plus beaux de l’année. Ou bien doivent être travaillés avec des poses longues, l’appareil stabilisé sur trépied.
Les films de 400 iso offrent, eux, davantage de possibilités, et peuvent être utilisés dans des conditions de lumière variées. Lorsque la lumière est moins abondante, les films de 400 iso permettent de travailler confortablement, pourvu que l’on fasse quelques sacrifices en optant pour de grande ouvertures de diaphragme, où que l’on allonge le temps de pose. Par temps clair, lorsque la lumière est suffisante, ils conviennent également tout à fait. Il suffit de fermer le diaphragme ou de réduire le temps de pose.
Si l’on tient compte de ces deux critères, la souplesse d’exposition, et la sensibilité de 400 iso, notre choix se resserre sur deux films qui présentent typiquement ces caractéristiques.
La pellicule Tri-X 400 de Kodak
Voici un film au rendu caractéristique, contrasté, avec des noirs très denses. Il présente aussi du détail dans les zones clairs et encaisse très bien la surexposition. Le grain du film Tri-X 400 est assez marqué et typique.
Ce film légendaire a longtemps été le choix de prédilection des grands reporters. Il est l’objet de multiples débats, certains lui vouent un véritable culte, quand d’autres choisissent de le délaisser pour d’autres types de films. Ce qui est certain, c’est qu’il constitue une excellente entrée en matière pour des photographes débutant en argentique. Beaucoup seront séduits par son grain et son contraste. Son prix, enfin, qui oscille souvent autour des 5 €, en fait un film tout à fait accessible.
La pellicule Ilford HP5+
Voici un autre film présentant les propriétés que nous recherchons. Le grain est classique, un peu moins prononcé que sur la Tri-X 400, et les images sont moins contrastées, avec des gammes de gris plus riches, moins tranchées. Le contraste peut toujours être réhaussé si besoin en post prod numérique ou bien à l’agrandisseur. La pellicule Ilford HP5+ est, elle aussi, assez abordable puisque son coût à l’unité avoisine les 5-6 €.
Films couleurs
Les critères définis précédemment pour la recherche des films noir et blanc restent tout à fait valables et applicables dans le cadre des films couleur.
Le film Portra 400
La pellicule Portra 400 de Kodak est extraordinaire. Elle bénéficie d’une excellente réputation pour ce qui touche au rendu des couleurs. Les images faites avec ce film présentent des couleurs, des tonalités extrêmement fidèles, agréables à l’oeil. Vous pouvez tout à fait l’exposer en la travaillant comme un film à 100 ou 200 iso. Certains photographes s’en servent même délibérément comme d’un film 100 iso car ils trouvent que c’est lorsque elle est légèrement surexposée que cette pellicule donne ses meilleurs résultats.
Les films Kodak ColorPlus 200 et Fujicolor C200
Voici deux autres films couleur qui peuvent être considérés à l’achat pour débuter en argentique. On s’écarte nettement du choix précédent, pour faire du prix un critère déterminant, cette fois. Ces films sont en effet parmi les moins chers du marché, très souvent proposés autour des 2 ou 3€. Si leur sensibilité, qui n’est que de 200 iso, les prédestinent essentiellement à un usage en extérieur, elle leur confère tout de même une appréciable marge de manœuvre. Ces films présentent des couleurs certes un peu moins fidèles à la réalité, mais qui n’en sont pas moins caractéristiques d’un rendu argentique.
Les Kodak ColorPlus 200 et Fujicolor C200 sont deux films à essayer, notamment si vous cherchez à tester des appareils pour vérifier qu’ils fonctionnent correctement. Si vous avez été jeune dans les années qui ont précédé l’avènement du numérique (c’est à dire avant le début des années 2000), vous aurez l’impression de retrouver ce rendu si particulier, typique des photos de vacances d’été en famille, qui a accompagné votre enfance. On touche ici à un autre critère, qui relève presque de l’affectif, et concerne la recherche d’un rendu particulier.
Conclusion
Si vous débutez en argentique et que vous vous demandez avec quelles pellicules vous devriez charger votre appareil pour vos premiers essais, vous pouvez vous orienter sans crainte vers les films que nous avons listés. Avec eux, peu de risque de vous tromper. Ce sont des valeurs sûres.
Cette courte liste n’est évidemment pas exhaustive toutefois, il y a tant de possibilités… Alors si vous pensez que nous avons oublié un film qui convient très bien aux débutants en argentique, n’hésitez pas à nous le faire savoir, et à nous détailler les raisons pour lesquelles vous le conseilleriez aux néophytes.
3 commentaires
Emmanuel S
Article simple, bien résumé, et avec de jolis exemples 🙂
Romain
Bonjour Emmanuel,
Et merci pour votre message, cela fait toujours plaisir !
Romain
Edgar Plantade
Bonjour, merci pour cette article, je possède personelement un Nikon F65 retrouvé dans le grenier des parents 😉 je souhaitais savoir quels film choisir pour avoir un rendu type Kodak fun saver… Merciii beaucoup d’avance !!